[J’ai fini] Okami

Il y a deux types de bons jeux. Ceux qui se vendent et les autres. Okami fait définitivement partie de la deuxième catégorie. Malgré des critiques on ne peut plus dithyrambiques, le jeu a fait un énorme four. Ce qui veut dire qu’en fait, très peu de joueurs y ont vraiment joué, alors qu’ils sont unanimes pour dire qu’il est culte… Étrange non ? Et ne me dites pas que ce n’est pas vrai, le succès de mon sondage twitter le prouve (lol) !

Bref je me suis attelé à Okami en connaissant son statut, mais sans savoir pourquoi il avait une telle image. Je n’ai d’ailleurs pas fait de revue de presse pour être sûr d’avoir un avis neutre. Okami a-t-il donc bénéficié de l’indulgence de la presse, de son aveuglement devant une direction artistique atypique, ou bien est-il purement et simplement excellent et boudé par un public qui n’aime pas quand un jeu n’est pas sponsorisé par l’équipe pyrotechnique de Michael Bay ? Réponse ci-dessous.

Cette histoire cache un loup…

Okami, pour ceux qui ne le connaîtraient ni d’Eve ni d’Adam, c’est l’histoire d’Okami Amaterasu, un loup blanc réincarnation de la déesse du soleil Amaterasu (donc il est possible qu’il s’agisse d’une louve blanche). Pour faire court, et sans vous noyer sous une flopée de noms japonais que vous ne retiendrez pas, le jeu se déroule dans un Japon mythologique nommé Nippon, dans lequel kamis (dieux), yōkais (démons) et humains coexistent. Évidemment, les démons sont des vilains qui cherchent à dominer les autres tandis que les dieux tentent de les en empêcher pour que les humains puissent vivre en paix. De ce contexte assez basique viennent se greffer de nombreuses histoires tirées de la mythologie japonaise et / ou de la religion shintoïste. Vous m’excuserez de ne pas pouvoir être plus précis car je ne voudrais pas commettre d’impair. Une chose est sûre : les influences et inspirations sont nombreuses et les mythes classiques s’entrecroisent tout au long du jeu. Par exemple, les amateurs de Blue Seed ré-entendront des noms comme Kushinada et Kusanagi tandis que les fans de Naruto y découvriront une toute autre interprétation de Kyubi. Vous l’aurez compris, l’histoire d’Okami est vaste, et même si je n’ai pas particulièrement accroché au début, progressivement j’ai été happé par cet l’univers. La trame principale qui nous fait voyager dans le Nippon manque parfois de rythme, mais ce n’est pas tant l’objectif ultime des protagonistes qui m’a fait continuer mais plus les divers mythes que l’on rencontre durant notre voyage. Il est d’ailleurs cocasse de voir que l’argument « sauver le Nippon » a été un de ceux qui a le moins marché sur moi, alors même que c’est celui qui a le plus d’enjeux. Dans sa globalité, je ne pourrais pas dire que l’histoire d’Okami m’a exalté, mais chaque petit bout, mis les uns derrière les autres, m’ont vraiment plu. À la fin, je ne pouvais plus lâcher le jeu avant de l’avoir fini. Mais ça c’était à la fin. Avant ça, j’ai dû me passer les yeux à la javel pour être sûr que j’y voyais encore…

C’est flou… Mais c’est beau.

Comment ? Oui je dis, c’est flou mais c’est beau ! C’est même tellement flou que je me suis demandé si ce n’était pas ma PS3 qui donnait ce rendu, mais les menus étaient parfaitement lisses. Donc, la direction artistique d’Okami, cette volonté de créer une estampe interactive, rend le jeu « flou ». Et je n’ai pas d’autre terme, c’est ce qui se rapproche le plus du rendu. Alors oui, ça donne un aspect « peinture » au jeu mais personnellement – et sans parler du fait que j’ai eu du mal à m’habituer à ce flou constant – je n’ai pas trouvé que ça reproduisait vraiment les estampes japonaises. Preuve en est, les estampes que l’on nous montre pendant le jeu sont bien plus clair que ce que l’on voit en jeu.

Une fois que j’ai enfin pu déterminer que je ne perdais pas la vue, j’ai pu profiter de la beauté du jeu. Oui le jeu est beau. Son style lui permet de ne pas avoir subi les outrages du temps. C’est tout l’avantage des DA qui sortent des sentiers battus. En ayant une patte graphique bien à elle et en sortant des standards, elles esquivent la comparaison avec leur pairs, ce qui est bien pratique pour faire croire qu’on est encore la plus belle malgré son grand âge.

Regarder c’est bien, jouer c’est mieux.

En parlant de DA, dernièrement j’ai eu l’impression qu’on sur-évaluait un jeu dès qu’il en affichait une quelque peu originale. Exemple le plus récent, la hype autour de Unravel. Un jeu tout choupi choupi ! Magnifique, plein d’émotions… Moult superlatifs étaient utilisés pour le décrire. Et pourtant, là où jv.com lui met un magnifique 19, canard PC lui colle 4… Ça sent le sapin si vous voulez mon avis. J’avais donc décidé de regarder Okami comme n’importe quel jeu et non pas comme un tableau interactif. Et j’ai eu bien raison, car en passant outre son esthétique, j’ai découvert un excellent jeu, car le tableau cachait bel et bien un coffre fort.

Le tableau cachait bel et bien un coffre fort

J’ai l’impression qu’on a tendance à sous-estimer la force du gameplay dans les productions actuelles. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des jeux comme The order 1886 qui brille surtout par leur esthétique et leur manque de jeu… Un comble pour un jeu vidéo. Fort heureusement, Okami est tout sauf une coquille vide. Pour faire simple, Okami est l’un des meilleurs Zelda auquel j’ai pu jouer. Ne le prenez pas mal, cette phrase ne veut pas dire qu’Okami plagie la licence de Nintendo mais simplement qu’il partage le même genre de gameplay. De la découverte, du voyage, des donjons, des énigmes, un personnage qui progresse et gagne des outils au fur et à mesure de l’aventure. Si vous êtes amateur, Okami saura vous combler. Le Nippon regorge de secrets et vous n’aurez aucun mal à vous dire que ça fait une demi-heure que vous traînez alors que votre objectif est tout prêt. Pour les complétistes, le contenu sera là. Pour les joueurs qui aiment les lignes droites, Okami saura aussi se montrer charmeur. Le level design fait preuve d’une grande intelligence. Les divers donjons ne vous bloqueront jamais très longtemps, mais ne sont pas de simples lignes droites pour autant. Là où le jeu fait vraiment fort, c’est sur son game design. Jamais je n’ai eu l’impression que le jeu se répétait. Les capacités d’Amaterasu sont toujours bien utilisées et le jeu vous surprendra souvent en vous faisant ré-utiliser un pouvoir que vous aviez oublié posséder. De même pour les combats, le jeu prend un malin plaisir à multiplier les types d’ennemis ainsi que la manière nécessaire pour les défaire. Vous saurez d’ailleurs rapidement si votre méthode est la bonne ou non, le jeu notant vos performances au combat. Seul point négatif que j’ai remarqué – et qui m’a accessoirement donné envie de manger ma manette par moments – la caméra entre parfois en conflit avec les éléments du décor. Heureusement le problème est vraiment marginal et ne vous gâchera pas l’expérience.

Je pourrais continuer à écrire sur Okami, mais je ne ferais finalement que me répéter en disant que tel ou tel aspect du jeu est très bon. Vous l’aurez compris, avec un DA inspiré, des personnages haut en couleur, de l’humour à ne plus savoir qu’en faire et un gameplay se rapprochant de la perfection, Okami est un excellent jeu. Sa seule faiblesse, c’est que les joueurs se contentent de le posséder plutôt que d’y jouer.

4 thoughts on “[J’ai fini] Okami

  1. Ok, ok, je vais essayer de m’y remettre.

    Je suis totalement sujet à ce dont tu parles: après une demi heure de cinématique et de bla bla au début, je rentre pas dedans… Et je me suis contenté de posséder le jeu.

    Faut que je me rattrape sur ce jeu flou.

  2. Je n’ai pas joué à Okami. Toutefois, je trouve ton analyse très détaillée et l’on sent vraiment que t’as apprécié. Pour ma part, ce jeu sur fond de mythes japonais ne m’attire pas beaucoup.

Répondre à Samy Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.