Les polars anglais : vous allez les aimer
Il y a quelque temps je vous parlais de mon amour inconditionnel pour Broken Sword.
Après cette première phrase, vous vous demandez comment diantre je vais pouvoir enchaîner avec les polars anglais. Car si vous avez lu le titre de cet article, vous savez qu’on est pas là pour enfiler des perles.
Sachez-donc qu’il y a un dénominateur commun entre mes chevaliers de Baphomet bien aimé et les polars anglo-saxon. C’est grâce à lui que je suis capable d’écrire une introduction de billet n’ayant rien à voir avec son contenu. C’est beau.
Nous avons tous au moins un plaisir coupable. Ce péché mignon dont on a un peu honte, mais avec lequel on se délecte une fois la douceur de notre foyer retrouvée.
Personnellement j’en ai quelques uns. Je n’ai jamais honte d’en parler mais je sais que ces passions et / ou hobbies pourront me valoir d’innocentes moqueries. Fort heureusement pour moi, j’assume pleinement.
C’est donc sans ambages que je vous le dis : j’aime les polars anglais. Si vous êtes, ou avez été, téléspectateur, vous avez sûrement déjà croisé la route d’un programme télé. Dans ce programme, le dimanche, s’étale fréquemment une sélection aussi diverse que variée de films. De la grande vadrouille au seigneur des anneaux, le dimanche à la télé, c’est souvent « cinéma ». Mais pas partout. Dans le paysage audiovisuel, une chaîne diffuse encore et toujours le même type de programme le dimanche soir. Cette chaîne c’est France 3. Oui. Quelques heures après la dernière pub pour le monte escalier et les couches seniors, France 3 diffuse des séries de polars anglais. Et j’adore ça.
J’aime ça à tel point que ces séries me font oublier le blues du dimanche. Vous savez, cette déprime qui s’empare de vous un dimanche soir avant la reprise. Cette torpeur qui vous empêche de faire quelque chose de peur que le lundi arrive trop vite après ça… Et bien cette état (de merde, on peut le dire) les polars de la 3 le tue à chaque fois.
À partir de là vous êtes perturbés. Vous voyez de quelles séries je parle. Vous avez déjà louché sur le programme télé et vu des noms tels que « Barnaby », « Lewis » ou encore « Morse ». Pour vous, ce sont des synonymes de Dérick. Vous pensez, comme Gautoz (cf les démons du midi #6 entre 24:47 et 28:47), que l’on ne peut aimer ça que si l’on est déjà à la retraite.
Et bien je vous le répète, je les ai aimé avant même d’avoir 20 ans. Il y a deux explications possibles. La première : à l’intérieur, je suis vieux. Tel un immortel de Highlander mon apparente jeunesse (et beauté, il faut bien l’avouer…) n’a d’égale que mon âge avancé. J’aime regarder pousser les arbres et voir défiler le ciel.
La deuxième : ces séries ont de réelles qualités et peuvent plaire, même à un jeune.
Vous n’êtes pas dupe, si la première proposition n’est pas entièrement fausse (je suis extrêmement beau, mais pas vieux), c’est sur la deuxième théorie que je vais m’attarder.
Pour vous appâter un peu, vous donner envie de lire la suite, je rappellerai à l’amateur de série que vous êtes peut-être que Broadchurch est un polar anglais.
Pas mal comme référence non ?
Mais donc, qu’est ce qu’un « polar anglais », honteux abus de langage que j’utilise par commodité ? Les plus vifs répondrons qu’il s’agit d’une série policière produite dans le Royaume-Uni et/ ou en Irlande… Et ils n’auraient pas tord ! Mais pas entièrement raison non plus. Si la majorité des productions est en effet britannique, certaines viennent d’Australie… Bref le polar anglais, c’est plus un esprit et un savoir faire qu’un simple pays de production. Mais là où ça devient intéressant, c’est que cette production de série policière à des standards d’exigence bien éloignés de ce que produit notre bel hexagone.
Tout d’abord, le polar anglais se base sur un petit nombre de personnages. Un inspecteur, souvent accompagné d’un sergent, quelques sidekicks comme le légiste et le divisionnaire et c’est tout. Rien à voir avec CSI (les experts) ou encore PJ, pour faire référence à une « grosse » série policière française, par exemple.
Ensuite, les enquêtes sont complexes. Tellement qu’on se demande même comment quelqu’un a pu avoir cette idée aussi « sotte que grenue » (expression paternelle). L’explication simple c’est que la majorité de ces polars sont basés sur des romans. Barnaby ? Héros des romans de Caroline Graham. Morse ? Inspecteur dans la saga de Colin Dexter. Et comme vous le savez tous, les meilleurs scénarios sont ceux qui n’ont pas été écrit pour l’écran. C’est donc en se basant sur des enquêtes haletantes sur papier que ces séries sortent du lot. C’est d’ailleurs aussi pour ça qu’il n’y a jamais plusieurs enquêtes en un épisode comme dans certains CSI. Ici l’histoire est tellement dense, le nombre de personnages impliqués tellement important qu’après avoir regardé un Barnaby vous ne vous souviendrez même plus pourquoi vous n’arriviez pas à retenir le nom du troisième petit cousin de Sansa Stark que l’on voit 45 secondes dans l’épisode 3 de la saison 1 de Game of Thrones (ceci est inventé, je ne sais pas si ce cousin existe). Bref, les enquêtes ne seront pas de long fleuve tranquille. C’est bien simple, je pense qu’il est impossible de deviner qui a tué, et encore plus pourquoi, avant la fin. Je le garanti, le fin mot de l’histoire ne sera pas celui que vous avez imaginé.
Autre point fort de ces séries : les personnages. Comme je l’ai écrit plus haut, il n’y a que peu de personnages centraux. Il est donc normal que ce soit eux qui portent la série. Et il le font ! Chacun à leur manière, ils sont un peu les docteur House de leur histoire. Évidemment, il est possible que l’un de ces personnages ne vous plaise pas. Ils ont tous des caractères bien trempé. Certains peuvent déplaire. Alors, il vous sera difficile d’aimer leur série… A moins que… Vous n’aimiez l’humour anglais ! Car ces séries en sont remplis. Étant amateur de cet humour mi pince-sans-rire mi sarcastique je me marre durant n’importe quel épisode. Je note d’ailleurs que c’est souvent le médecin légiste qui fait office de caution humoristique. Quoi de mieux qu’une bonne blague sur un mort pour détendre l’atmosphère ? Personnellement, je ne vois pas…
Bien évidemment je me dois d’être honnête avec vous. Un aspect des ces séries peut en rebuter certains : le rythme. On est bien loin du rythme soutenu qu’impose les productions actuelles. Ici, on prend son temps. La grande majorité de l’enquête sera résolue à coup de dialogues et de déductions. Un épisode dans lequel l’inspecteur cours, c’est déjà un épisode qui bouge ! Vous voilà prévenu ! Après si vous êtes capable de regarder un Kubrick, vous n’aurez aucun mal à vous faire à ce rythme.
Que dire de plus maintenant, si ce n’est : un dimanche soir où vous avez le blues dominicale et que vous ne savez pas quoi faire, essayez donc de mettre la 3 pour voir. Au pire, rien ne se passe. Au mieux, vous aurez enfin un remède à ce sentiment à la con, et vous aurez tout gagné.
Il est maintenant temps pour moi de conclure cette déclaration d’amour. Et je ne vais pas me priver d’écrire quelque chose tranchant totalement avec cet article. Je vous l’ai dit, tout l’art du polar anglais est de surprendre ! Jamais vous n’auriez pensé qu’un billet sur ces séries anglaises puisse voir le jour. Jamais vous n’auriez osé imaginer qu’il commencerai par une énième évocation de la saga de Révolution Software… Et pourtant… Vous voilà arrivé au bout. Vous pouvez maintenant écouter un bon morceau et vous laissez emporter. En espérant que, si vous n’avez pas envie de jeter un œil à ces séries, au moins vous ayez passé un agréable moment à lire ces lignes.
PS : Barrington Pheloung, compositeur de la BO d’une bonne partie des jeux Revolution Sotfware, est aussi compositeur pour les deux séries Morse et la série Lewis. Le voilà votre lien ! Si vous aviez écouté le passage des Démons du midi sus-mentionné, vous le sauriez déjà !