Être ou ne pas être à contre-courant – TFGA #20
Il y a des mois comme ça, Alex aime nous faire des farces. Ce mois-ci, il a mis la barre très haute étant donné qu’il a balancé un thème qui ne veut rien dire. Mais j’adore les challenges et j’adore aussi quand le thème est très ouvert. C’est donc parti pour mes cinq points qui auront un rapport plus ou moins proche avec « être ou ne pas être à contre-courant ». Comme vous pourrez le voir, on va plus parler du monde du jeu vidéo que de jeux vidéo, mais je fais KESKEJVEU ! Par ailleurs, ceux qui me connaissent ou me suivent de près (les coquinous) remarqueront que je reviens ici sur plusieurs de mes chevaux de bataille. On ne se refait pas… J’aime cracher sur les tendances, et ce thème, c’est du pain béni pour ça :’)
Faire face à la hype
Il y a peu, voilà ce que je twittais :
Je viens de ne pas acheter une PS4 alors que je l’avais dans les bras. Ma volonté est d’acier
— Foine (@Foine) 10 mai 2016
C’est beau non ? Ce jour-là, j’ai réussi à ne pas dépenser près de 500€ pour une PS4 et les quatre Uncharted. Mine de rien, je suis presque fier d’avoir réussi à résister à la vague de hype provoquée par Uncharted 4.
Après cette légère auto-masturbation mentale, voyons ce que j’entends par « faire face à la hype ». Pour faire simple, l’industrie actuelle du jeu vidéo joue sur l’effet de hype autour d’un jeu pour nous faire perdre tout sens critique, ou presque.
La hype, c’est tout simplement l’utilisation maligne des réseaux sociaux.
Pour naître, elle utilise l’irrépressible envie qu’ont fait apparaître ces réseaux en chacun d’entre nous : montrer qu’on a une vie super.
Pour fleurir, elle utilise un sentiment plus vieux que mes robes : l’envie. En effet, comment résister à l’envie de passer à la caisse quand tout le monde joue à ce jeu qui à l’air excellent ? Voilà un drame que l’on vie presque tous les quinze jours.
L’industrie du jeu vidéo maîtrise maintenant cet art à la perfection. Le meilleur exemple de ça, à mon sens, c’est ce fameux hashtag : #PS4Share. Avec le bouton share, vous partagez vos instants de jeux avec vos contacts. Si on peut penser, à raison, que c’est une fonctionnalité sympa, ne nous leurrons pas : ce n’est qu’un instrument à hype. À chaque fois que vous vous en servez, vous faites de la pub pour Sony et je suis sûr qu’ils vous en remercient.
Vous pourriez répliquer que j’exagère. Ou bien que, vu qu’ils nous offrent ce service, ils ont le droit de placer leur produit. Ce à quoi je répondrais que la console… Vous l’avez déjà payée. Que votre connexion, vous la payez tous les mois. Bref Sony ne vous offre rien, par contre, eux s’offrent énormément de visibilité sur votre dos.
Mon discours est un poil extrémiste, et même (totalement) hypocrite, étant donné que je suis aussi dans le hype game à l’occasion. Il me faut l’avouer, partager de grands moments de jeux ou être totalement hypé nous procure une bonne dose de dopamine et il est (malheureusement) compliqué de s’en passer si on y a déjà goûté. Mais il est toujours intéressant de prendre un peu de recul vis-à-vis de cette industrie qui nous procure tant de plaisir et de se demander si parfois, on nous prendrait pas un peu trop pour des panneaux de pub ambulants.
En conclusion, qu’est-ce qu’aller à contre courant de la hype ? Peut-être tout simplement de ne pas partager la moindre image un peu sympa sur le dernier jeu à la mode. Voir même de ne pas acheter ce jeu quand on en a encore moult à faire. Après je ne dis pas qu’il ne faut pas parler des jeux qui nous plaisent. Si j’ai un blog, c’est en partie pour ça. Mais il faut aussi parfois se dire que suivre le rythme imposé par les éditeurs, c’est un peu comme travailler pour eux sans contrepartie.
Acheter en avance, c’est bien ou pas ?
Ci-dessus, je vous parlais de la hype. Sans revenir sur ce que j’ai dit plus haut à propos de la hype post-sortie pour laquelle nous sommes les principaux acteurs, il existe aussi une hype pré-sortie, aussi appelé « campagne de pub ». Pour celle-ci aussi, les réseaux sociaux font de nous de très bons relais pour n’importe quel jeux qui nous fait envie avant même sa sortie. Le but du jeu étant de faire naître en nous de l’envie sur un titre à venir. Une fois cette envie bien ancrée en nous, on va être capable de pré-commander le jeu, sa collector et son season pass sans même avoir une idée de ce que le jeu vaut vraiment. Dans les faits, si vous le faites, vous offrez près de 150€ à une entreprise sans contrepartie immédiate et sans savoir si ce qu’elle vous donnera vaudra réellement ces 150€. C’est con non ? Oui mais pas seulement. Ça peut aussi être une pure et simple arnaque !
D’ailleurs en parlant d’arnaque, on pourrait aussi parler des jeux à accès anticipé. Si certains titres proposent un contenu bien fourni dès le début de l’accès anticipé, certains autres sont comme un majeur tendu vers le ciel devant votre gueule. C’est d’ailleurs le gros problème de nos jours : une grande partie des jeux indépendants sortent en early access trop tôt. Cette profusion de choix nous oblige à faire face à une montagne de jeux qui ne sont même pas dignes d’une mauvaise alpha.
Pour faire court, être à contre courant de nos jours, c’est acheter un jeu après qu’il soit sorti. C’est con à dire mais j’ai l’impression que les joueurs qui attendent de savoir ce que le jeu leur réserve avant de passer à la caisse sont de plus en plus rares.
Jouer à un épisode des Souls
Fut un temps où jouer à un jeu hardcore était l’apanage d’une « élite ». Une poignée de joueurs regardait la grande majorité de haut en les traitant de casual, eux qui ne jouaient qu’à ces jeux AAA que l’on peut finir une main dans le slip et l’autre sur la manette. À cette époque, jouer à un jeu exigeant, c’était ça être contre courant. Puis sortit Demon Souls, puis Dark Souls 1 et 2, puis Bloodborne… Et enfin Dark Souls 3. Depuis, jouer à un jeu exigeant c’est être mainstream. Jamais les grands éditeurs n’auraient pu penser que le péquin moyen aimerait crever en boucle sur des mobs à la con. Et pourtant… Ils avaient oublié toute la félicité qui peut envahir le joueur qui réussi enfin le passage qui le bloquait depuis une heure. Heureusement pour nous, les développeurs de From Software se sont fait un plaisir de nous le rappeler, et ça fait un bien fou. Par contre on note que, malgré le succès critique (et public pour les derniers) des Souls, on a pas vu une multitude de clones pulluler. Il faut croire que finir des jeux difficiles va rester contre courant encore longtemps.
Chercher les jeux multi de canapé
Pour les amateurs de multijoueur, bénis furent les années de la N64. Quatre joueurs, une télé trente-six centimètres, quelques carapaces bleues, des golden guns et des chambres puant la sueur au bout d’un après-midi… Haaaa… Que de belles années.
Malheureusement, le temps où les productions AAA possédaient un mode multijoueurs à 4, jeux de foot exceptés, est révolu. ce sont maintenant les modes en ligne qui ont la priorité. Que voulez-vous, on ne paye pas plusieurs jeux ni plusieurs abonnements gold ou plus si on joue tous sur la même console… Fort heureusement, les développeurs indépendants sont une fois de plus là pour nous sauver la mise ! Moult excellents jeux multijoueurs de canapé ont vu le jour ces dernières années. Étendard du genre : Towerfall Ascension, un jeu qui ne paye pas de mine mais qui pourra vous faire passer d’excellentes soirées, voire même de perdre d’excellents amis. Ironiquement, le PC, apanage des joueurs solos, se révèlent maintenant être la plateforme parfaite pour ce genre de jeux ! Comme quoi… Tout peut arriver…
Alors est-ce qu’être à contre courant c’est de préférer se faire un Street Fighter 5 avec un pote à côté de soi plutôt qu’en ligne ? De préférer jouer avec des amis de visu plutôt qu’avec des inconnus ? Je ne saurais le dire, même si je ne le pense pas. Mais l’industrie a tristement décidé que ce n’était plus le multi canapé qui faisait vendre donc c’est à contre courant pour eux.
Faire du moonwalk dans les escaliers
Comme à l’accoutumée, j’aime trancher dans le vif quand il s’agit du dernier point de mes TFGA. Cette fois-ci, c’est à l’ami Zelgius qu’on le doit car il m’a totalement donnée l’idée.
Ce sera donc Castlevania qui sera en haut de ce top. Et plus précisément, Super Castlevania 4. Car pour ce qui est du contre courant, c’est un jeu qui sait ce que c’est ! La preuve en vidéo, alors que votre serviteur tient la manette (promis, l’extrait est on ne peut plus court)
Alors ? Il est pas beau mon moonwalk sur marche ? Ne répondez pas, je sais que c’est magnifique. Ceci étant dit, Super Castlevania 4 n’est pas qu’une simulation de Michael Jackson. C’est aussi un excellent jeu. Certes, les escaliers seront sûrement votre ennemi le plus mortel mais le reste déglingue. Jamais trop injuste, le jeu reste aujourd’hui agréable à faire, comme un Dark Souls peut être agréable à faire : on a parfois envie de tout casser, mais on y revient quand même.
Voilà ! C’est tout pour moi ce mois-ci ! N’oubliez surtout pas d’aller sur le blog d’Alex pour y retrouver tous les TFGA de ce mois-ci, mais aussi des précédents !
Live long and prosper et soyez sages !
Alex | Aya | Yufoy | Seilin |
Hibou | Pikabsynthe | Estelle | Julius |
Ozsmoz | Wubrii | Arnodf | Band of Geeks |
Sinbad | Coffee Quest | Grim | Sweet Nanakie |
El-Koala | Taka | Clémence | Majora’s Mark |
Zelgius |
Très léger et agréable à lire, j’ai bien ri, et pourtant tu es très concis et réaliste dans ton point de vue. Très bon TFGA (et pour le coup à contre-courant) ^^
Merci merci ! 🙂
Heureux de t’avoir fait rire et d’avoir été à contre courant comme je le souhaitais ! 😀
» C’est con à dire mais j’ai l’impression que les joueurs qui attendent de savoir ce que le jeu leur réserve avant de passer à la caisse sont de plus en plus rares. »
J’ai exactement la même impression! Les gens sont font dupés et se plaignent alors qu’ils n’avaient qu’a pas payer avant l’existence du produit fini! C’est fascinant comment en quelques années seulement, une majorité de joueurs a « succombé » à ce que je considère comme un défaut…
Tu prêches un convaincu !
Ça me fait penser à ceux qui criait au moment de l’annonce de Zelda sur NX / WiiU car ils avaient « acheté une WiiU juste pour Zelda »… J’ai envie de dire qu’acheté une console pour un jeu qui n’a même pas de date de sortie… Ils auraient du se poser des question avant d’ouvrir le porte monnaie ! 😀
J’ai pris mon temps pour venir commenter sur ce thème et quel bonheur de lire les contributions pour en voir des comme celle-ci !
2 points retiennent tout particulièrement mon attention : ton retour sur la « hype » je le partage à 100%, n’achetant/jouant pas à Blood and Wine par exemple alors qu’on voit des screens toutes les 5 min sur Twitter. Je fais désormais partie et j’en suis fier de ces joueurs qui attendent de finir un jeu avant d’en acheter un autre, et c’est pas plus mal de ne pas être dans cette course à celui qui le finit en 1er, bien au contraire, en fait 🙂
Et concernant la mort du jeu « de canapé » (j’adore l’expression), je suis comme toi, cherchant désespéramment du multi local à partager avec Madame …
Bravo pour ce classement Foine, il est excellent !
Ce commentaire fait chaud au cœur ! :’)
Déjà parce qu’il y a « excellent » dedans (mon e-penis aime ça).
Mais surtout parce que je vois que de plus en plus de gens essaye de ne plus suivre le rythme effréné des éditeurs. La résistance s’organise 😉
Plus sérieusement prendre le temps de jouer aux jeux et ne plus passer d’un jeu à l’autre sans en profiter comme on le voudrait fait un bien fou. C’est comme redécouvrir le plaisir de jouer 🙂
Merci !